Tout a commencé il y a 80 000 ans...


Venez découvrir le site archéologique : une cavité naturelle utilisée comme piège naturel.

Présentation de la grotte ornée de peintures et gravures (non accessible, photos et film).

 

Un livre ouvert sur la Préhistoire

L’Archéosite des Fieux compile les traces d’une occupation humaine qui s’étend sur plusieurs dizaines de millénaires. Au nord des Causses du Quercy, proche d’une boucle de la Dordogne, ce fut un  important lieu de chasse et un habitat temporaire, depuis l’homme de Néandertal jusqu’à l’Homme moderne (dit Cro-Magnon). Piège à faune pour le premier, abri et lieu d’expression artistique pour le second, les Fieux sont un site exceptionnel pour comprendre la vie matérielle et spirituelle des hommes préhistoriques, sur une longue durée.

Les traces et les vestiges s’étendent sur différents loci, des lieux de fouille qui racontent chacun des zones d’occupation humaine différentes. Le résultat de ces recherches a valu aux Fieux d’être inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 3 février 1993.

Quant à la grotte ornée, classée Monument Historique depuis le 17 janvier 1967, elle est contemporaine des autres témoignages de l’art pariétal quercynois, tels que Pech Merle ou Cougnac, avec peut-être une phase plus ancienne, exceptionnelle pour la région.

La découverte archéologique des Fieux fut aussi une longue aventure humaine, depuis la découverte de la grotte en 1964, jusqu’à la reprise des fouilles en 2006. Mais ce site à cœur ouvert, méticuleusement fouillé depuis 50 ans, n’a peut-être pas encore livré tous ses secrets.

 

 

Une longue aventure archéologique

 La grotte ornée fut la première découverte du site, lorsqu’en 1964 des membres du Spéléo-Club de Bergerac (Lucien Perrier, Jean Bouchereau et Jean Lesur) prospectaient cette partie du Causse. Les spéléologues s’intéressèrent à un «trou de renard» indiqué par Élie Caminade, propriétaire des lieux, féru de préhistoire. Cela les mena à une grotte qui révéla rapidement des indices d’art pariétal. Les gravures et peintures seront authentifiées l’année suivante, mais c’est en 1982, 1983, puis en 1996 que Michel Lorblanchet, directeur de recherche au CNRS, en réalise l’étude complète.

Ce n’est qu’en 1966, lors de travaux destinés à faciliter l’accès à la grotte, que sont découverts les premiers vestiges de remplissage du site. Les services archéologiques de Midi-Pyrénées sont alors prévenus, pour une intervention prévue de courte durée : Fernand Champagne, accompagné au début de René Espitalié, va y consacrer plus de trois décennies de recherches, jusqu’en 1999. À cette date, une intervention ponctuelle menée par Nicolas Valdeyron finalise les fouilles des niveaux sauveterriens sous le porche ouest.

Après cette période de fouille exceptionnellement longue, le site resté à découvert s’est détérioré pendant plusieurs années. Sa sauvegarde impose des travaux en 2006, menés par l’équipe toulousaine que coordonne Vincent Mourre. Plus qu’un simple toilettage du site, cette intervention permet de continuer les recherches et de traiter des interrogations scientifiques restées en suspens. La dernière opération a eu lieu en 2013 mais les Fieux restent un lieu de recherche au potentiel exceptionnel.

 

Le site fait l’objet d’un projet d’aménagement et de valorisation depuis 1997, dans le sens de son ouverture au public, porté par la commune de Miers, la communauté de communes du Pays de Padirac, propriétaire du site, et le Parc naturel régional des Causses du Quercy.

 

 

Localisation et environnement

La grotte est située dans le secteur nord du Causse de Gramat à 5 kilomètres environ des falaises du causse dominant la vallée de la Dordogne. La cavité s'ouvre sur le plateau, dans le calcaire bathonien.

Les grottes ornées paléolithiques les plus proches, celles des Merveilles à 9 km au Sud et de Roucadour à 17 km au sud-est sont contemporaines des Fieux.

Devant l'entrée de la grotte des Fieux s'étend un très important habitat stratifié paléolithique, mésolithique et néolithique qui a été fouillé pendant de nombreuses années.

  

 

Un site fréquenté de tout temps

Le Causse de Gramat, proche de la vallée de la Dordogne, fut parcouru par les flux de migrations animales que suivaient les groupes de chasseurs-cueilleurs préhistoriques dès le Paléolithique ancien. Ils trouvaient là les ressources du plateau, lieu d’estive des grands herbivores, tandis que la vallée leur fournissait des compléments aquatiques. Il n’est donc pas surprenant que ces lieux aient été occupés pendant des dizaines de millénaires.

Fouillé sur plus de 9 mètres de profondeur, presque jusqu’au substrat rocheux, le site principal de l’aven (locus 1) est complexe et étendu. Plusieurs séquences s’y juxtaposent, souvent imbriquées les unes dans les autres, qui racontent cette longue occupation humaine. L’étude a subdivisé arbitrairement le site en trois secteurs : un porche ouest, un secteur central et un porche est.

Relié à ce dernier porche par une galerie effondrée, un autre gisement de plein air (locus 2), moins visible aujourd’hui, a révélé des vestiges des mêmes périodes et suppose une occupation humaine encore plus étendue.

 

 

Le lieu de chasse de Néandertal

Paléolithique moyen (- 80 000 ans / - 40 000 ans) - Culture moustérienne

Sous le porche ouest et dans le secteur central, les niveaux les plus anciens (- 80 000 ans), à 9 mètres de profondeur, ont livré les restes d’au moins quatre jeunes mammouths, associés à ceux d’une faune de climat froid : cheval, renne, bison.

Les vestiges lithiques (outils en pierre) peu nombreux traduisent une occupation épisodique du site par les hommes préhistoriques à cette période. Ils y pratiquent du charognage en profitant des animaux tombés accidentellement dans le gouffre.

Les niveaux plus récents (de - 80 000 ans à - 40 000 ans) montrent que le site devient ensuite un lieu d’abattage : les hommes

rabattent le gibier vers la cavité pour le piéger. Le bison et le cerf sont les plus chassés, suivis du cheval et du sanglier.

Les outils retrouvés en quartz et en quartzite sont d’origine locale, prélevés dans un rayon d’une douzaine de kilomètres. Les silex peuvent aussi provenir de plus loin (région de Gourdon).

Cette production d’outils sur des éclats de pierre est rattachée à la culture moustérienne, attribuée à Néandertal.

 

 

Le campement de l’Homme moderne

Paléolithique supérieur (- 35 000 ans / - 10 000 ans) - Cultures aurignacienne et gravettienne

Si les traces de renne et le cheval prédominent sous le porche est, le sol acide du secteur central n’a pas permis de retrouver des restes de faune bien conservés.

La présence d’outils et de nombreux vestiges d’armatures en silex indiquent que le site des Fieux reste une halte de chasse et de piégeage importante, mais aussi un habitat temporaire pour les hommes préhistoriques. Des galets rapportés de la Dordogne, utilisés comme enclume et percuteur, sont les signes d’un site de campement.

Les outils correspondent à deux périodes qui se succèdent dans le temps, attribuées à l’Homme moderne.

D’abord l’Aurignacien, défini par la production de silex en forme de longues lames retouchées ainsi que par l’utilisation d’ossements et de bois d’animaux. Sur cette période, très peu de silex sont d’origine locale, les groupes humains venaient alors sur le site avec un équipement déjà constitué.

Ensuite le Gravettien, caractérisé par la fabrication de lames étroites et allongées et de pointes, dont beaucoup furent produites sur place.

 

 

La grotte ornée

Paléolithique supérieur (- 35 000 ans / - 10 000 ans) - Cultures aurignacienne et gravettienne

Au bout d’un couloir étroit d’une vingtaine de mètres, une salle unique d’environ 30 m de long sur 15 m de large, de grande hauteur, renferme de nombreuses figurations peintes et gravées.

Un grand bloc concrétionné au centre de la salle concentre un enchevêtrement de figures gravées et quelques peintures.

La forme naturelle de la roche a été interprétée plusieurs fois : un bouquetin et un animal indéterminé aux contours gravés par piquetage, auxquels se superposent par de fines incisions deux mammouths, la ligne dorsale d’un cheval et deux signes géométriques.

Ces dernières gravures ainsi que les peintures dateraient du Gravettien, période marquée par le développement de l’art attribuée à l’Homme moderne, commune aux autres grottes ornées du Quercy. Plus exceptionnel, le bouquetin réalisé par piquetage (technique de gravure par une succession de cupules) serait plus ancien, de l’Aurignacien : il serait la plus vieille figuration pariétale du Quercy.

Sur les parois ont été recensées onze mains négatives rouges et deux noires, les Fieux sont le site quercynois qui en possède le plus. 266 signes peints ou parfois gravés, notamment des ponctuations digitales rouges et noires, et des bâtonnets rouges, sont disséminés dans l’ensemble de la grotte.

Une vingtaine de silex taillés ont été retrouvés, dont un grattoir, un burin et une lame ayant pu servir au piquetage. Une « palette de peintre » gisait au pied du panneau principal de mains négatives : un galet plat maculé d’ocre rouge. Au centre de la galerie s’élève un pilier stalagmitique, couronné de draperies. Lorsqu’elles sont frappées, ces concrétions émettent une variété de sons clairs et cristallins : un « instrument » qu’auraient utilisé les hommes préhistoriques, comme le laissent supposer des traces d’impacts. Ce lithophone, impossible à dater, est commun à d’autres grottes du Quercy et d’ailleurs.

 

 

Vers la sédentarité

Mésolithique (- 9 500 ans / - 5 200 ans) - Culture sauveterrienne

Le Paléolithique, temps des chasseurs-cueilleurs semi-nomades, se termine.

Bientôt, le Néolithique verra l’homme devenir producteur et sédentaire, l’agriculture et l’élevage vont se généraliser. À la fin de la période glaciaire se met progressivement en place le climat que nous connaissons aujourd’hui. L’augmentation des températures et des précipitations favorise la grande forêt primaire européenne.

Les hommes du Mésolithique sont encore chasseurs, essentiellement de cerfs, de sangliers et de chevreuils, mais ils développent une économie de stockage à base de ressources végétales, la noisette en particulier.

Les techniques changent : l’arc se généralise au détriment de la sagaie lancée au propulseur, et les flèches s’arment de microlithes, des armatures en silex caractéristiques du Mésolithique, qui servent de pointes ou de barbelures. On en retrouve beaucoup sous le porche ouest, toujours utilisé comme habitat temporaire. À cette période, seuls les porches sont ouverts, l’aven s’étant rempli à la fois de dépôts éoliens et de la chute des restes de voûte en raison des alternances gel-dégel qui altèrent la roche.

 

 

Du Néolithique au Néo-Médiéval

Les derniers niveaux, dans les deux locus, contiennent des vestiges du Néolithique et du début du Moyen Age. Pour cette dernière période, il s’agit d’objets jetés, sûrement en lien avec la proximité du couvent des Fieux, qui ne traduisent donc pas une occupation du site à cette époque.